Bonjour à tous,
Cette fois-ci mon article portera sur le sculpteur français Aristide Maillol (1861-1944).
"Ce qu'il y a d'admirable en Maillol, ce qu'il y a, pourrais-je dire, d'éternel, c'est la pureté, la clarté, la limpidité de son métier et de sa pensée." Auguste Rodin
Aristide Maillol est né à Banyuls-sur-mer, dans les Pyrénées-Orientales, en 1861. Elevé en grande partie par sa tante Lucie, il manifeste dès son plus jeune âge un attrait pour le dessin et la peinture. Il réalise son premier tableau, une marine, à l'âge de quatorze ans.
Il décide de devenir peintre, obtient en 1882 l'accord de sa tante et monte à Paris ou sa seule ressource sera une modeste mensualité versée par celle-ci. A l'instar de Rodin, il échouera à plusieurs reprises l'examen d'entrée à l'école des Beaux-Arts, mais finira par y arriver en 1885. En attendant il y suit tout de même "clandestinement" des cours. Il connaît une période de misère telle, que sous-alimenté il tombera malade et sera hospitalisé plusieurs fois pendant ses années d'études à Paris.
La découverte des tapisseries de la Dame à la licorne sont une telle révélation qu'il étudie la tapisserie au musée de Cluny puis ouvre un atelier de tissage en 1893 à Banyuls. Il rencontre Clotilde Narcisse qui devient sa compagne et sera son premier modèle.
Il fréquente le groupe des Nabis, et tisse de profondes amitiés avec certains d'entre eux, tels que Pierre Bonnard, Edouard Vuillard ou Maurice Denis. Il rencontre également Gauguin en 1892. Celui-ci l'encourage à persévérer dans la voie artistique qu'il s'est choisie.
Parallèlement à la réalisation de ses tapisseries, Maillol commence à sculpter à partir de 1895. Ses oeuvres de jeunesse sont essentiellement des bas-reliefs en bois ou en plâtre, il travaille également la terre et son style évoque la statuaire grecque archaïque.
Une des plus anciennes sculptures de Maillol, La Source présente une influence évidente de l'Art Nouveau. La recherche d'une simplification propre à ce qu'il développera ensuite est néanmoins déjà visible :
En 1900, contraint d'abandonner le travail de licier, ce métier affectant sa vue, il se consacre désormais essentiellement à la sculpture.
Le motif de la jeune femme assise dans une pose ramassée hante Maillol depuis longtemps. En 1900, il rapporte à Paris l'agrandissement d'une statuette dont il a longuement étudié la forme. Après cinq ans de travail naît le premier plâtre issu de cette étude que Maillol expose au Salon d'Automne de 1905, intitulé Femme . C'est un véritable triomphe. Cette sculpture sera plus connue quelques années plus tard sous le titre La Méditerranée :
L'année 1905 marque également la fin d'une longue période de misère pour Maillol. D'une part, car son travail bénéficie d'une reconnaissance croissante, mais aussi car Rodin présente Maillol au Comte Kessler. Ce dernier devient l'admirateur le plus fervent de Maillol et son mécène.
Un voyage en Italie et en Grèce en 1908 renforce son intérêt pour la recherche plastique et affine son goût pour les volumes pleins. Maillol progresse dans l'élaboration d'une statuaire méditative et silencieuse.
Maillol réalise en 1922 La Douleur pour répondre à la commande d'un monument aux Morts de la ville de Céret :
Il rend également hommage au compositeur Claude Debussy :
En 1934, rencontre décisive de Maillol et Dina Vierny. Elle n'a que quinze ans et deviendra la muse du sculpteur jusqu'à la mort de celui-ci dix ans plus tard. Cette relation sera une source d'inspiration intarissable pour l'artiste et donnera naissance à une profonde amitié.
La modernité de Maillol tient à une recherche sur l'architecture du corps aboutissant à une synthétisation des formes. Se basant essentiellement sur l'étude du nu féminin, ses sculptures épurées représentent une véritable révolution artistique et ouvrent la voie à l'abstraction. L'oeuvre de Maillol influencera un grand nombre d'artistes tels que Brancusi, Jean Arp ou Henry Moore.
Maillol dira "Je ne suis pas arrivé à cette idée de synthèse par le raisonnment mais par l'étude de la nature où j'ai puisé directement en suivant mon sentiment ".
"Quand le mouvement est donné avec excès, il est figé : ce n'est plus la vie. L'immobilité que crée l'artiste n'est pas du tout la même que celle de la photographie. L'oeuvre d'art contient une vie latente, des possibilités de mouvements" Maillol, d'après Judith Cladel, 1937
Etonnamment Maillol n'aura jamais eu d'élèves ni de "fils spirituel", seul Jean Matisse, le fils d'Henri, aura eu une place privilégiée en tant que praticien auprès de l'artiste pendant de nombreuses années.
Pendant la seconde guerre mondiale Maillol se retire à Banyuls. Dina Vierny continue à poser quotidiennement pour lui dans sa métairie retirée dans la montagne qui sert d'atelier au sculpteur. Comme il le confiait à son ami Henri Frère " La solitude me plaît toujours davantage. J'adore être ici, la nuit, perdu dans la nature. Tout est admirable.(...) C'est là qu'on vit vraiment".
Harmonie, la dernière oeuvre de Maillol restée inachevée et commencée en 1940, représente la synthèse de toute une vie de créations. Maillol décède en 1944 des suites d'un accident de voiture.
Voici Maillol dans son atelier de Banyuls, travaillant à sa dernière pièce :
Je reviendrai une autre fois sur Aristide Maillol à travers un portrait de Dina Vierny, sa muse, une femme au destin exceptionnel, qui consacra toute sa vie à diffuser l'oeuvre du maître et créa le musée Maillol situé rue de Grenelle à Paris.
Isabelle Haas
Sources:
Conversations de Maillol, Henri Frère, aux éditions Somogy éditions d'art, 2016
Maillol, aux éditions Benteli, 2000
l'ABCdaire de Maillol, aux éditions Flammarion, 1996
Sculpteurs de ce temps, Jacques Baschet, aux éditions Nouvelles Editions Françaises, 1946
Wikipédia